Les six Concertos brandebourgeois
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER
excellence
Et encore une fois Keersmaeker revient à Bach. Pour la sixième fois au moins. Et c’est toujours un enchantement. Un enchantement rigoureux, tant la partition chorégraphique colle à celle de la musique, l’éclairant de façon sensible. Un enchantement joyeux aussi, tant il y a de la malice dans cette chorégraphie. Bien sûr, Keersmaeker se cite, revenant sur des gimmicks qu’elle a ou même qu’on lui prête. Bien sûr, elle met en avant sa fameuse définition de la danse comme marche, multipliant les variations. Bien sûr elle affuble ses danseurs d’une posture néo bourgeoise qui frôle la caricature, justement pour dénoncer les rapports de classe. Surtout elle arrive à réunir sur le plateau toutes les générations de danseurs qui ont accompagné son travail depuis plus de vingt ans. Et cette réunion de famille avec facéties, connivences et sourires n’en est que plus joyeuse, répondant à l’entrain de la musique portée par un ensemble baroque qui semble lui aussi s’amuser de tout cela. Comment peut-on à ce point être sérieux avec tant d’humour ? C’est le secret de l’excellence, c’est le secret de Anne Teresa de Keersmaeker.
Thomas Adam-Garnung